Une sombre silhouette auréolée de brume noire...

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Une nuit sombre...

Un vent glacial...

Une pluie perçante...

Et pourtant, elle avançait. D'un pas lent, sans jamais discontinuer. L'eau ruisselait sur sa longue cape noire et ne semblait pas la déranger plus que cela.

Coup de tonnerre.

Au loin, à ce qui semblait être le bout de cette route sinueuse et rocailleuse, une imposante bâtisse. Quelques éclairs vinrent accentuer les contours de l'édifice. Elle s'arrêta un instant, levant la tête, détaillant du regard l'architecture du lieu. Une architecture qui, bien que différente, lui rappelait la tour où elle était née.

Elle reprit sa marche. Celle-ci dura encore plusieurs minutes... une heure, peut-être.

Arrivée au seuil de l'édifice, elle s'arrêta, balayant les lieux de son regard. Des colonnades, des cages occupées par de puissants félins... Rien de plus ? Si... il devait y avoir quelque chose. Elle se sentait observée, épiée peut-être. Qu'y avait-il à épier sur elle ? Le capuchon de sa cape était rabattu sur son visage, et les seules choses que l'on pouvait réellement percevoir étaient le teint pâle de son visage, et quelques mèches noires comme les ailes d'un corbeau. Visiblement, elle n'était pas très grande... 1m50, tout au plus... quant à sa corpulence, sa cape ne laissait que peu d'informations à ce sujet.

En sa présence, l'atmosphère semblait lourde... une brume noirâtre avait l'air de planer autour d'elle, l'enveloppant, la caressant parfois comme la main d'une mère.

Le pas léger, ses pieds glissant presque sur le sol, elle s'approcha de l'imposante porte de chêne, et leva les yeux. Elle leva doucement la main, invitant la brume noire à accomplir l'action dont elle avait l'idée. Quelques volutes s'élevèrent, et soulevèrent le heurtoir à l'allure de serpent avant de l'abattre par deux fois sur la porte.

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

Excité comme une puce, le gnome courut le plus rapidement que lui laissait la possibilité de ses petites jambes vers sa maîtresse Elensis. Cette dernière avait déjà eu vent d'une nouvelle visite mais s'inquiètait de l'étrange comportement de son corbeau. Ce dernier volait nerveusement dans les airs et ne cessait de croasser avec insistance.

La déchue prit une dague qu'elle glissa le long de sa botte, et elle se munit de la clé de la cage aux fauves. Juste quelques précautions. D'un pas plus rapide qu'à l'ordinaire, elle se dirigea vers la porte d'entrée et stoppa ses serviteurs dans leurs mouvements. Elensis ouvrit elle même la lourde porte en chêne et vit de l'autre côté une créature mystérieuse, féminine, enveloppée d'une étrange brûme noire. Toutefois, la déchue s'apaisa quand elle vit que sa visiteuse ne semblait pas avoir quelques intentions belliqueuses envers les Gris.

Elle observa quelques instants la nouvelle venue et s'adressa enfin à elle:

- Il ne me semble pas que nous nous connaissions.
Peut être pourriez vous me révéler votre identité ?

Une expression neutre s'afficha sur le visage d'Elensis qui attendait un geste, une réaction, voire une parole du fléau.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Le silence... ce fut la première réponse qu'obtint la déchue en l'interrogeant. Dans le capuchon, deux yeux brillants tels des rubis détaillaient Elensis du regard. Détaillant la moindre courbe de ce corps, de ce visage... son regard était empli de curiosité. C'était la première fois depuis sa naissance qu'elle voyait d'aussi près une créature de sexe féminin.

Ainsi, c'est à ça qu'elle pourrait ressembler lorsqu'elle aurait grandi... du moins... si tant est que son corps soit apte à vieillir...

Elle fut tentée de lui tourner autour. Elle se retint, toutefois. Revenant à ses esprits, s'interrompant dans sa contemplation.

"Astays... je m'appelle Astays."

Levant une main à hauteur de son visage, elle rabattit la capuche dans son dos. Son visage était fin et enfantin bien que marqué d'une froideur certaine. Son teint était pâle, plus encore que le bas de son visage ne le laissait présager, et ses cheveux bruns étaient coupés court.

Elle écarta les pans de sa cape. Pas d'armes, et une tenue simple. Un pantalon noir ample, ainsi qu'un haut de même couleur, qui dévoilait son ventre et qui à première vue - d'après la façon dont il était taillé - lui laissait le dos nu. En certains endroits sur son ventre, des tatouages rouges marquaient sa peau.

Fixant la déchue droit dans les yeux, elle demanda brièvement :

"Et vous...? Comment vous appelez-vous ? Et où sommes-nous, ici...?"

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

Elensis se laissa observer docilement par la nouvelle arrivante durant la longue période de silence, se demandant toutefois si son maquillage lui faisait défaut ou si elle avait trop insisté sur les chocolats ces derniers temps. Il est vrai que le manque d'activité dont elle faisait preuve récemment n'était pas en faveur de sa ligne. Et le regard de la nouvelle venue n'était guère rassurant à ce sujet.

Quand la jeune demoiselle dévoila son identité, son nom fut aussitôt enregistré dans la mémoire d'Elensis. Enfin, quand elle lui montra plus clairement son visage, ce fut au tour de la déchue de la détailler d'un bref regard. Elle observa à son tour sa tenue vestimentaire, ses tatouages, puis son visage. C'était assurément une belle femme, bien que petite, qui se présentait à elle.

Puis, répondant avec neutralité à ses questions:

- Je me nomme Elensis et vous vous trouvez en ce moment même devant les lourdes portes du Cénacle des Gris.

Vous paraissez perdue, allez, entrez donc, je vous en prie, nous parlerons mieux à l'intérieur.

Elensis s'écarta de l'entrée afin de laisser passer le fléau.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Silencieuse, attentive... Pas le moindre mot, pas le moindre geste. Elle buvait les paroles si rares de l'angelle qui lui faisait face.

Elensis... Cénacle des Gris...

Fermant les yeux, elle inspira un grand coup. Au parfum de jasmin qui émanait d'Elensis, s'ajoutait un parfum particulier auréolant l'endroit dans sa globalité et qui monopolisait la perception olfactive du Fléau des Morts. Une senteur qui n'était pas désagréable d'ailleurs...

"Il règne dans l'air une odeur... Une odeur de cendres..."

Elle rouvrit les yeux, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Cet endroit pourrait bien lui plaire. Et ses occupants aussi, sans doute... Lentement, son visage semblait sortir de la froideur, la curiosité se faisant plus marquée dans ses traits.

"Je souhaiterais apprendre... et je crois que..."

Elle marqua un silence, dévisageant la déchue presque avec fascination.

"...je crois que je pourrais beaucoup apprendre en votre compagnie..."

Acceptant l'invitation d'Elensis, elle passa les portes et se laissa guider par ses soins.

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

"...je crois que je pourrais beaucoup apprendre en votre compagnie..."

Les derniers mots du fléau des morts suscitèrent l'intérêt et plus encore l'attention de la déchue.

Elle pensait, à juste titre, qu'elle serait facilement intégrée aux membres du Cénacle. Effectivement, des rumeurs avaient circulé comme quoi la liche Lehken Bhaal en personne n'avait pas souhaité de sa personne. Et l'ennemi de mon ennemi est mon ami.

Et puis... cette odeur de cendre...

- J'espère que vous vous plairez ici. Je pense que vous avez votre place en ces lieux. Mais il vous faudra également être acceptée des autres.

Au Cénacle, aucun rang n'est attribué. Vous avez autant de pouvoirs que moi.
Mais avant de vous donner votre clé de chambre, j'aimerais quand même en savoir plus sur votre passé et vos ambitions. Pourquoi nous rejoindre ? Que désirez vous accomplir avec nous ?

Quant à l'odeur de cendre qui règne ici, je crains qu'il ne faille que vous vous y habituiez...

Elle ajouta alors un sourire malicieux envers son invitée.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Astays écouta avec intérêt les propos d'Elensis.

Aucun rang...? L'égalité...?

Mais qu'était-ce être l'égal de quelqu'un ? Elle n'avait jamais cherché la comparaison... supériorité, infériorité, égalité... ces concepts étaient bien trop abstraits pour elle.

Elle s'égara un instant dans ses réflexions, dans son désir de comprendre et d'assimiler... avant de se rendre compte qu'Elensis attendait toujours qu'elle prenne la parole.

"Oh, je... Désolée..."

Elle rassembla ses esprits et ses idées précipitemment, souhaitant répondre à la déchue, ne pas lui faire perdre son temps... ne pas la décevoir, peut-être.

"Je n'ai pas de passé... à proprement parler..."

Fixant Elensis de ses yeux écarlates, elle expliqua :

"J'ai été conçue très récemment... Le Maître m'a désirée telle que je suis, et il m'a faite ainsi... Je ne suis pas vivante à proprement parler... disons que je suis... comment dire..."

Elle chercha ses mots. Difficile d'expliquer avec précision ce qu'elle pouvait bien être...

"Je suis sans être... je vis sans vivre... mon corps n'est animé que par une illusion de vie... quant à ce que je suis vraiment... là..."

Elle plaqua la main sur sa poitrine lentement, inclinant la tête.

"Je ne saurais le dire... c'est sans doute là le secret de mon Maître, et je doute qu'il soit question dans ses desseins de me livrer les secrets de mon être..."

Fermant les yeux, elle poursuivit :

"Je peux sans doute être considérée comme jeune... voilà moins de deux cycles lunaires que je foule les terres qui s'offrent à ma vue... Si je suis venue ici, ce n'est que le fruit de l'errance... encore que certains doivent sans doute appeler cela... Destin...?"

Inspirant profondément, s'imprégnant de l'atmosphère des lieux, de l'odeur de cendres omniprésente, elle continua dans un murmure :

"C'est en errant que j'ai fini par sentir cette odeur si particulière... malgré la pluie et les vents... elle m'a intriguée, attirée... et me voici..."

Rouvrant les yeux une nouvelle fois, laissant planer un silence, elle dévisagea Elensis.

"Ce que je cherche... c'est à comprendre ce monde, à m'en imprégner. J'y suis apparue pour appliquer et assurer la continuité d'une règle simple et précise."

D'une voix claire, elle énonça :

"Tout ce qui a un commencement doit nécessairement avoir une fin… et la Vie ne déroge pas à cette règle."

Un sourire se dessina lentement sur les lèvres d'Astays, alors qu'elle soufflait :

"Je pense à la fois pouvoir m'éveiller à ce monde... et appliquer la Règle... à vos côtés. Je pense... avoir des choses à apprendre avec vous... Elensis."

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

La déchue fronça les sourcils quand elle entendit Astays parler de maître. Au Cénacle, les êtres vivaient leur liberté, n'étaient rattachés à aucune chaîne quelqu'elle fut.

Quand le fléau eut terminé par ce qui semblait être sa devise favorite, sa ligne de conduite et de vie, Elensis se décida à reprendre la parole non sans avoir pris un temps de réflexion auparavant.

- Astays, vous dites avoir un maître mais de qui parlez vous ? Où se trouve t-il ?

Il serait surprenant que vous obéissiez à un être que vous considérez comme supérieur sans que vous ne le connaissiez. Croyez moi, si vous êtes arrivée en ces lieux, c'est certainement pour apprendre ce qu'est une vie de liberté, du moins c' est ce que nous essaierons de vous faire vivre.

Mais, vous semblez osciller entre vie et .... comment dire .... inexistance.

Elensis marqua une pause, elle ferma les yeux un instant et quand elle les rouvrit, de noirs charbonneux, ils étaient à présent d'un vert émeraude. La question qu'elle s'apprêtait à poser soulevait un point crucial dans l'admission d'Astays en tant que Gris à part entière.

- Si votre mission est de donner la mort, êtes vous toute aussi capable de donner la vie ?

Que pensez vous apprendre parmi nous ?

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Une vie de liberté...? Qu'était cette chose, la liberté ? Encore une chose qu'elle allait devoir apprendre... et Elensis semblait disposée à lui enseigner. Elle l'interrogea quant au Maître. Que dire sur lui...? Elle n'avait jamais révélé son identité, si ce n'est à ce Fléau des Morts qu'elle avait rencontré entre les murs du Forum Mondial.

"Je considère le Maître comme tel car il m'a créée et m'a désirée telle que je suis... il nourrit mon être à chaque instant... Voyez..."

Portant son poignet à ses lèvres, elle s'infligea une morsure profonde, de laquelle coula non pas du sang, mais un liquide noir et épais. A mesure qu'il coulait, le liquide semblait s'évaporer, se changer en une brume noirâtre, similaire à celle qui accompagnait Astays à son arrivée.

"L'Ether... une création de mon Maître. Point de sang, juste l'Ether qui coule en mes veines, et apporte à ce corps le nécessaire pour fonctionner. Par la simple volonté du Maître, je pourrais disparaître... mais il ne désire pas cela. Et certains de ses mots les plus récents tendent à me laisser penser qu'il veut que je découvre ce qu'est... la liberté..."

La blessure se referma rapidement. Fixant Elensis de ses yeux écarlates, un sourire en coin, Astays annonca :

"Celui que je nomme Maître est une entité bien connue dans le monde... tout le monde Le rencontre un jour... On Lui prête souvent une appellation féminine... mais pour moi, Il est tout simplement le Maître. Mais peut-être que cela vous dira quelque chose, si j'évoque... le Faucheur..."

La question d'Elensis quant au fait de "donner la vie" la destabilisa profondément. Elle ne la comprenait pas. Tout simplement.

"Je... je ne comprends pas votre question, désolée..."

Elle chercha néanmoins à la méditer un instant, se rappelant quelques livres, avant de balbutier à mi-voix :

"Je ne suis pas... conçue... pour procréer..."

il était dommage que Zaak ne fut pas là pour entendre Astays... Il se serait empressé de la questionner sur Elle, Sa Maîtresse... Depuis si longtemps...

Mais il n'était pas en ces lieux, pas à ce moment...

Sans nul doute pourtant, les paroles lui seraient rapportées...

Un gros rat noir trottina le long d'un mur, avant de s'engouffrer dans un interstice...

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

Elensis écarquilla les yeux quand elle vit Astays s'auto mutiler. Elle voulut la stopper mais ce fut trop tard. A sa grande surprise, le sang ne se répandit pas mais une brûme noirâtre fit place et stagna à la surface avant que la plaie ne se referme.

- Mais qu'est ce que l'ether ? voilà bien une substance qui m'est inconnue. Elle en est d'autant plus étrange.

Vous dites que vous avez l'impression que votre maître souhaite que vous connaissiez une vie de liberté, ce qui signifierait donc qu'il vous libère de vos chaînes. Sinon, on ne peut appeler cela décemment la liberté. Pouvez vous m'en dire plus sur ses paroles ?

A vous entendre, votre maître est l'incarnation de la faucheuse. Cela laisse à penser que vous ne pouvez pas vous délier d'elle. Mais pourquoi employez vous des termes masculins pour la désigner ?

Elensis marqua une pause et enfin, elle retint à un sourire à l'adresse d'Astays suite à ses dernières paroles.

- Quand je vous pose la question de savoir si vous savez également donner la vie, il ne s'agit pas là de pro création. En fait, cela est plus compliqué, plus abstrait et revêt une dimension plus spirituelle que matérielle à proprement parler. Souhaitez vous que j'étaye un peu plus mes explications ?

La déchue se tenait toujours là, dans le hall et pensa que suite à la réponse d'Astays, elle lui proposerait de venir s'installer dans le salon car elle manquait aux règles élémentaires de l'hospitalité.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Du bout des doigts, Astays effleura l'emplacement de sa morsure. Son visage ne reflétait aucune douleur, son expression était purement neutre.

"L'Ether... Je ne saurais le définir autrement qu'en le décrivant comme le liquide coulant dans mes veines. Je ne suis pas mon Maître... je n'ai pas toutes ses connaissances..."

Elle leva les yeux vers Elensis. Les questions sur le Maître, sa volonté, la liberté... visiblement, Elensis était d'une nature curieuse. Cela fit sourire Astays... était-ce ainsi qu'elle était, elle-même ?

"Peut-être que le Maître désire que je découvre la Liberté afin que, de mon propre chef, je fasse le choix de Le servir sans faillir ? Il est des êtres qui ne servent pas par contrainte... mais parce que tel est leur désir. J'ai lu des choses à ce sujet dans les livres... Et si je parle de lui en terme masculins, c'est parce que pour moi il est non pas la Faucheuse, mais le Faucheur... ce qui revient au même, au final, je vous l'accorde..."

Les derniers mots d'Elensis l'intriguèrent vivement, ce qui était aisément perceptible dans son regard cramoisi.

"Oui... expliquez-moi... s'il vous plait..."

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

Elensis proposa alors à Astays de la suivre jusque dans le petit salon qui jouxtait le hall d'entrée. Les deux êtres se déplacèrent en silence. Arrivées, la déchue invita d'un regard Astays afin qu'elle prenne place dans l'un des fauteuils disponibles. Elle lui servit un alcool peu fort, il ne s'agissait pas de scotch. Elensis se servit un jus de tomate comme à ses habitudes.

Elle prit place à son tour dans l'un des fauteuils avec quelques difficultés, avec un léger sourire à l'adresse d'Astays.

- Bien.
Tout d'abord, je serais bien curieuse de connaître quels sont les livres que vous avez consultés. Vous souvenez vous des titres et des auteurs ? Veuillez m'excuser si mes questions paraissent prendre la forme d'un interrogatoire, cela n'est en réalité nullement le cas mais je suis d'une nature très curieuse. J'aimerais en savoir plus.

Et puis, dites moi, quel plaisir prenez vous à servir un maître que vous ne connaissez point ?

La déchue regarda ensuite son interlocutrice droit dans les yeux.

- Il faut savoir que la base du Cénacle repose sur le cycle de la renaissance. Les Gris, membres du Cénacle sont des cracheurs de cendres. Par ce pouvoir donné, ils peuvent régénérer la vie. Les cendres fertilisent le sol, alors la vie reprend le dessus sur la mort jusqu'au jour où cette dernière à nouveau se manifeste, d'où cette idée de cycle. Voilà pourquoi notre emblème représente le phoenix.

Cela est plus clair dans votre esprit à présent ? Il est vrai que cela n'est pas forcément facile à appréhender.

La déchue cherchait alors à lire les émotions que ressentaient Astays avec un regard neutre.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Ce fut dans un silence presque religieux qu'Astays suivit Elensis jusqu'au petit salon. Elle fut intriguée de voir Elensis lui servir un verre. Personne ne lui avait jamais rien servi... et elle n'avait jamais bu. La jeune créature pencha la tête sur le côté. Le Maître l'avait-il seulement dotée de la perception gustative...? C'était... problématique... mais le mieux pour être fixée restait encore de tester... Remerciant la déchue en inclinant la tête respectueusement, Astays porta le verre à ses lèvres. Effectivement, elle était dotée du goût. Elle n'avait aucune référence, en revanche, en terme de nourriture ou de boisson. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle n'en avait pas besoin pour vivre...

Un sourire aux lèvres, appréciant d'avoir pu ainsi boire pour la première fois, elle entreprit de répondre.

"J'ignore le titre ou l'auteur des ouvrages que j'ai lu... il était question de vieux ouvrages, trouvés dans la Tour qui m'a vu naître... Je ne me suis pas tant préoccupé que cela de leur provenance, je désirais juste... savoir.

Quant au Maître... disons que je le connais sans pour autant le connaître... Nous ne parlons pas... bien qu'Il s'adresse à moi, parfois. Je le sens présent, protecteur..." expliqua-t-elle, tandis que levant la main elle effleura la brume noirâtre qui l'accompagnait dans un mouvement qui ressemblait à une caresse.

"Je me sens redevable de tout ce qu'Il m'apporte... Il est la source de mon existence... et Il me protège... plus qu'un devoir, c'est une envie de le servir que je ressens."

Astays écouta ensuite avec grande attention les paroles d'Elensis, les buvant littéralement.

"Le cycle... de la renaissance..." murmura-t-elle, fascinée.

Par la mort, donner la vie...

"Si je me fie strictement à votre explication... en donnant la mort, je participe à ce cycle... dans un sens... donner la mort permet... de donner la vie... c'est ça ?"

La fascination était clairement visible dans les yeux de rubis de la jeune créature. Elle dévisageait Elensis comme jamais elle n'avait regardé personne, avec une admiration difficilement contenue.

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

Elensis détourna son regard d'Astays quand celle ci semblait l'observer avec insistance. Toutefois, elle hocha la tête d'un air entendu et se racla quelque peu la gorge après avoir bu une gorgée de jus de tomate.

- Une Tour ? Comme c'est étrange... Et à quoi ressemblait cette Tour ? Je veux dire aussi, saviez vous où elle se trouvait et pourquoi vous étiez là ?

Et votre maître comme vous dites, par quel moyen communique t-il avec vous ?
Par l'intermédiaire de cette...brûme ?

Puis, la déchue sembla se perdre un instant dans les méandres de ses pensées.
Elle ajouta à demi mot:

- L'idée que l'on peut se faire du cycle de la renaissance n'est pas aussi simple que vous semblez le comprendre. C'est un phénomène complexe qui échappe à beaucoup de raisonnements. Je pense que la réponse ne se trouve pas dans la science mais dans le spirituel...

Elensis n'en dit pas plus mais son cerveau était en pleine ébullition. La déchue semblait ailleurs, son esprit flottant dans les airs.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Buvant une nouvelle gorgée d'alcool, l'apprentie faucheuse observait toujours Elensis. A la question de la déchue, elle eut un sourire nostalgique. L'atmosphère de la Tour avait été grisante pour Astays, c'était son foyer au final, après tout.

"C'est une grande Tour... une Tour de pierre blanche, bâtie en plein cœur de la forêt de Londolen. Le sommet est plat... il y a des gravures, des cercles d'invocation... et quatre statues... des anges de pierre, visage masqué, brandissant une faux... tous les quatre disposés aux points cardinaux... L'intérieur ? Comme une immense bibliothèque... avec une salle dédiée au repos, tout de même... avec un grand escalier en colimaçon qui mène du bas jusqu'au sommet..."

Le regard d'Astays se perdait, à mesure qu'elle décrivait les lieux. Lorsqu'elle réalisa cela, elle s'agita un peu, et se confondit en excuses.

"Quant au Maître... s'il désire me dire quelque chose, je le ressens, tout simplement... comme une voix, un écho dans mon esprit."

Hésitante, tandis qu'à mesure qu'elle lui expliquait le cycle de la renaissance Elensis se faisait absente, elle posa sa main sur celle de la déchue.

"J'ai vraiment envie d'apprendre... peut-être que si je pouvais vous observer, pour assimiler tout cela, j'aurais cette chance... J'aimerais... j'aimerais vraiment pouvoir vous suivre..."

Puis, vivement intimidée, la jeune créature de la Mort ôta sa main de celle d'Elensis, détournant le regard.

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

Elensis sentit la main d'Astays sur la sienne et doucement, la déchue la retira, ne supportant pas le contact des inconnus. Pas de colère ni de gêne, ni d'embarras. Elle n'acceptait que le toucher de proches comme Heroneus ou Daireann. Elle observa alors avec bienveillance la jeune fille mais pour le moment, cette dernière restait une inconnue bien que futur Gris.

Elensis se fit plus brève. Elle se leva de sa chaise et se dirigea vers la fenêtre. Elle écarta les rideaux de velours pourpres et contempla la forêt dense aux couleurs automnales.

- Dites moi demoiselle, seriez vous capable de retourner à cette Tour ? Si oui, serait il possible que je vous y accompagne ?

La déchue marqua une pause puis se retourna. La lumière du jour se réflétait dans son dos et ornait la couleur de ses cheveux bruns d'une teinte dorée.

- J'ai bien encore une question...
Qu'est ce qui vous motive tellement pour nous rejoindre ? Vous voulez apprendre ce qu'est la liberté ? Vous avez frappé à la bonne porte.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Astays détourna le regard lorsqu'Elensis dégagea sa main. Se raclant légèrement la gorge, elle rassembla ses pensées.

"La Tour... je suppose que je serais capable de la retrouver, oui... et si le Maître n'y voit pas d'inconvénient, je pourrais vous y mener."

Fermant les yeux, la jeune créature esquissa un sourire songeur. Toujours cette même question qui revenait... l'entretien n'avait-il pas apporté la clé de cette question ?

"J'ai le... sentiment... que je pourrais beaucoup apprendre de vous. Liberté... cycle de renaissance... Ces notions semblent tellement... essentielles... quand vous les évoquez... je ne peux que m'y intéresser..."

Fixant maintenant la déchue de son regard écarlate, Astays exprima finalement son souhait.

"J'aimerais... si l'opportunité m'en est donnée... devenir votre disciple..."

"Mère Maqueresse" Messages : 207 Date d'inscription : 21/09/2007 Age : 36

Elensis écouta ce qu'elle savait déjà. Mais elle aurait aimé qu'Astays soit plus concrète encore dans ses propos. Elle n'arrivait pas bien à saisir le personnage en lui même mais le fléau avait déjà gagné une grande partie de sa confiance. Toutefois, un mot à son oreille, au son désagréable, à la signification bien plus encore, vint perturber l'état calme et reposant dans lequel se trouvait alors la déchue. Elle fronça les sourcils et s'exprima en ces termes:

- ... disciple ?

Oh non non, chère Astays, pas disciple, élève encore à la rigueur mais certainement pas disciple. Il y a une connotation qui me déplaît grandement dans ce terme.
Vous souhaitez certainement tirer un enseignement sur les thèmes de la renaissance et des cycles et je me ferais un plaisir de vous en donner ma conception. Mais il n'y a pas de théorie unique et la mienne n'est pas plus vraie que celle d'un autre. C'est donc, et je dirais même, surtout, seule et par vous même, disons par introspection, que vous apprendrez ce qu'est la liberté et la renaissance, deux concepts étroitement liés bien que cela ne puisse peut être pas vous apparaître évident au premier abord.

Chacun à sa vision des choses, et chaque chose diffère selon la vision de chacun.
Nous touchons le domaine de l'impalpable et de l'immatériel, voilà pourquoi il est difficile d'approcher une unique vérité.

Et nous avons l'éternité pour l'appréhender.

Elensis esquissa un bref sourire.

- Venez donc à présent Astays, nous allons effectuer le rituel qui fera de vous un Gris à part entière.

Sur ces paroles, la déchue invita Astays à se rendre dans la salle du culte des cendres.

Fléau des morts Messages : 17 Date d'inscription : 16/01/2008 Age : 36

Ne sachant que dire de plus, Astays resta silencieuse. Elle observa longuement Elensis. Qu'est-ce qui la gênait à ce point dans l'idée de disciple ?

Acquiesçant faiblement aux mots de la déchue, elle entreprit de la suivre.