De nouveaux hôtes au sein du Cénacle

Se rapprochant de plus en plus de la demeure des Gris, la démone tentait de se remémorer pourquoi elle en était partie pour se retrouver à se balader ainsi ? … Certes elle avait fait de bien belles rencontres, et elle revenait même avec, mais impossible de se rappeler le pourquoi du comment.

Elle fronçait les sourcils tout en regardant la cime des arbres défiler. Un des arbres un peu plus tordu que les autres lui ramena en tête un agréable souvenir. Daireann qui lui avait appris à monter sur un tronc ! Certes, à présent, elle ne se souvenait plus pourquoi cet enseignement avait servi, mais elle s’était accommodée de cet apprentissage fort utile, mettant en œuvre des jeux avec Van, ce dernier volant dans les airs, la démone tentant de le suivre en sautant agilement de branches en branches.
A l’évocation de ces souvenirs, elle se remémora enfin pourquoi elle était partie de la bâtisse !

Ah !

Elle poussa un léger cri de joie attestant de sa trouvaille, tout à fait futile pour les autres. Mais il semblait qu’elle ne l’ait pas murmuré comme elle l’aurait souhaité, mais bel et bien dit sur un ton appuyé qui, semblait-il, demandait l’attention de ses invités.

A l’idée que Link ait pu être effrayé de cette onomatopée prononcée beaucoup plus fort qu’elle l’aurait voulu, elle s’enquit de le rassurer.
En continuant de marcher, sans se soucier particulièrement des autres, elle murmura au loup :

Je viens de me souvenir pourquoi je m’étais retrouvée en dehors du sanctuaire des Gris. Je cherchais des plumes pour confectionner de nouveaux cocktails …

Un sourire malicieux parcouru alors son visage, et ses yeux brillèrent comme pour révéler son idée farfelue à l’animal…

Avec Van …

Prenant conscience que ce nom ne lui évoquerait rien, elle s’enquit d’apporter une légère précision.

Tu ne le connais pas, mais je te le présenterai !

Elle remit une mèche en place et repris le fil de son discours…

Je te disais donc qu’avec Van nous aimons faire des cocktails à l’estaminet où Elensis entrepose ses plus belles coupes en crystal. Et donc récemment, des amis nous ont rendu visite, et je leur en ai inventé un avec une plume, ce qui d’ailleurs a bien fait rire Daireann ! Mais qu’importe ! Je te parle de gens que tu ne connais pas encore, mais avec qui, je suis sûre, tu t’entendras parfaitement !
Tu verras, ils sont très différents, aussi bien dans leurs races que dans leurs caractères, et ceci est également valable pour nos hôtes.

Continuant de marcher, elle se rendit compte que ses mèches de cheveux prenaient un malin plaisir à jouer avec le vent, se délogeant une à une de l’endroit où elle les avait pourtant placées quelques minutes auparavant.
Elle regarda autour d’elle … des arbres à perte de vue avec la demeure en fond, à peine perceptible pour qui ne connaissait pas le chemin.
Un arbre bien sûr ! Elle attrapa un pan de feuille d’un vieux sol pleureur, enroula ses cheveux autour de son poignet, et les lia tant bien que mal avec, à tel point que plusieurs mèches retombèrent de part et d’autre.

Miyän sentait l’aura des fauves d’Elensis devenir de plus en plus présente, et ce, certainement à cause de la présence de Link. Mais qu’importe ! A présent, elle était sa maîtresse (malgré qu’elle n’appréciait pas du tout ce terme), et ces gros chatons devraient bien s’en accommoder !
Les colonnades se dessinant un peu plus précisément, Miyän fit un clin d’œil à Astays sachant pertinemment qu’une aussi grande bâtisse produisait toujours une grosse impression chez tous les hôtes des Gris.
Elle se tourna alors vers Swuisum et Andryala tâchant de ne pas leur révéler la surprise qu’ils pourraient avoir en se trouvant nez à nez avec la lugubre demeure …

Nous sommes bientôt arrivés…

Aux abords du sanctuaire se trouvait un cimetière. Probablement celui dans lequel les anciens occupants entreposaient de temps à autres les cadavres de leurs victimes au cou dévoré... Ou peut être ce qui servait de chambres d'amis selon l'humour des vampires... Personne ne l'avait jamais su et la saugrenue idée de le découvrir n'avait à ce jour pas traversé l'esprit d'un des Gris.

D'épaisses nappes de brouillard disparates parcouraient le lieu.
Sur une des tombes, Daireann était allongée. Depuis combien de temps était elle là ?
Une heure ? Deux heures ? Peut être trois ? Elle n'avait aucune notion du temps lorsqu'elle était ainsi perdue dans ses songes.

Le genou droit remonté en équerre, les bras relevés afin de pouvoir placer ses mains sous sa tête, elle regardait le ciel, réfléchissant à Elle.
La rencontrerait t elle de nouveau ?
Où était elle ? Que pensait elle de cet échange d'armes titanesque qui avait semblé durer une éternité ?
Ressentait elle comme Daireann ?


L'approche d'une aura bien connue la tira de ses songes, alors qu'un léger sourire naquit à la commissure de ses lèvres. Sa petite protégée arrivait et semblait ramener de la compagnie si la déchue en jugeait par les auras inconnues qui entouraient Miyän.

Décroisant ses bras de derrière son cou, elle vint poser ses mains de part et d'autre de son corps afin de relever son buste. Fermant les yeux, Daireann inspira lentement la fraîcheur régnant dans le cimetière afin de se tirer complètement de ses songes, faisant tourner sa tête afin de détendre les muscles de sa nuque. Puis, joignant ses mains, elle étira ses bras vers le ciel, quelques craquements retentissants de son corps engourdi par l'immobilisme et le froid, s'assortissant avec l'ambiance du lugubre théâtre dont les habitants auraient probablement aimé pouvoir faire ainsi craquer leurs os...

Rouvrant ses yeux, son regard noir fixa la direction de laquelle provenait la démone, quelques fines mèches argentés éparses retombant sur son visage.
Se levant, elle se dirigea d'un pas tranquille vers l'entrée, passant la main dans ses cheveux, ramenant les récalcitrantes à une place moins gênante.


Puis, arrivée à hauteur des piliers supportant l'immense portail marquant l'entrée du sanctuaire, elle aperçut enfin Miyän et ses convives. Fixant la jeune démone, elle arqua imperceptiblement un sourcil amusé.

Tu nous as ramené de quoi occuper la salle des tortures ma belle ?
ça tombe bien, on manquait d'activité ces derniers temps...

Aratochi passa tranquillement la lourde porte en bois qui défendait le château d'éventuels agresseurs. Cette dernière grinça un peu, comme toute vieille porte qui se respectait, mais ne se fit pas trop prier, apparemment elle aussi comprenait l'enjeu du moment. Le chevalier redoutait l'affrontement à venir, mais ne pouvait pas vraiment s'en détourner. Puis si il fallait en croire Zheng, l'angèle serait moins brutale qu'il ne s'y attendait. Il aurait peut être même le loisir de lui adresser deux mots avant de se faire découper. Toutefois l'humain se demandait ce qu'il pourrait dire en deux mots d'assez efficace pour lui permettre d'en aligner plusieurs ensuite. Lui parler de Zheng la calmerait sûrement ... mais cela revenait à chercher la rédemption au travers d'une autre personne, il ne voulait pas.

Laissant son manteau, histoire de ne pas l'abîmer, et son arme, qui ne lui servirait pas à se faire pardonner de toute façon au pied de la porte, il entreprit de descendre l'unique chemin qui menait au manoir. Espérant que les deux membres du Cénacle viendraient bien à pied, sinon les aborder serait des plus dur. Passant une main dans ses cheveux, il contempla le ciel étoilé quelques instants. La vue était forte agréable, presque aucun nuage ne venait voyager dans le ciel, chassés par un vent frais et vivifiant, c'était une belle nuit qui s'annonçait dans la forêt, un temps parfait pour réparer ses erreurs.

Il ne lui fallut pas beaucoup de temps avant de distinguer deux silhouettes marchant sur le sentier, pressant le pas, il les interpella en même temps, se faire prendre pour un maraudeur n'aurait pas bien aidé.

"Il fait pas chaud par ici hein ! Vous vous rendez au château ?"

Se fondant dans les pas de Daireann, la démone s’amusait à détailler ses formes marquées à travers ses vêtements. Ses dagues se dessinaient à peine. Le simple fait de penser à l’angelle les dégainer durant les combats, laissant danser ses poignets pour les manier avec dextérité et grâce, faisait naître un rictus aux coins des lèvres à la démone.

Si les nouveaux arrivants semblaient peu éloquents, elle était bien décidée à rompre le silence imposé par ces derniers et continuer la discussion avec celle qui l’avait recueilli depuis maintenant plusieurs années.

Tu sais, je me suis penchée sur certains livres de magie de la bibliothèque. Van m’en avait montré quelques uns.

Elle ramena un léger sac de couleur pourpre, déposé en bandoulière, le long de son épaule. A tâtons, elle tenta d’en trouver l’entrée aisément repérable grâce à un bouton couleur crème et à l’aspect un peu rugueux. La brume rendait l’air légèrement glacial, et n’aidait en rien à le déloger du cercle de coton qui l’en gardait prisonnier, préservant son contenu bien scellé à l’intérieur du sac.
Sa main parvint enfin à débloquer le bouton laissant ainsi à Miyän l’accès libre aux divers objets entassés. L’objet recherché se trouvant au dessus des autres, elle ne peina guère à l’en disloquer pour le sortir et l’arborer fièrement devant Daireann.

J’avoue que j’étais plutôt intriguée par toute cette histoire de magie blanche et noire. Pour me faire une idée, je suis partie me balader dans les bois et j’y ai trouvé un bout de bois qui ressemble étrangement à un des dessins d’un des bouquins poussiéreux des vieux osselets qui étaient là avant nous.

Elle brandit à hauteur des yeux de son amie, un bout de bois cylindrique qui ne devait pas dépasser les 2cm de diamètre pour 20cm de long. La branche reposait bien tranquillement près d’un chêne et avait attiré l’attention de la démone. Elle s’était décidée à le prendre pour savoir si un des membres du Cénacle saurait quoi en faire, et si, effectivement, des propriétés magiques pouvaient lui être attribuées.

Il me semble bien que ça ressemble à une baguette. Et si, comme je le pense, il s’agit d’une offrande de la nature, je pourrais en exploiter pleinement ses capacités.

La démone trépignait d’impatience de montrer sa trouvaille à Elensis, celle qui en saurait sûrement plus que les autres sur la capacité magique d’un objet. Après tout, n’était-elle pas celle qui avait fait jaillir les membres du Cénacle par delà les cendres ? Et si effectivement, un lien avec la magie pouvait être fait, la façon de combattre de la démone s’en trouverait sûrement affecté d’une manière ou d’une autre.

Les légers souffles du vent emmêlaient ses cheveux faisant naître quelques boucles ça et là, ne détachant pas pour autant le lien solide qu’elle avait mis en place grâce à la feuille de sol pleureur.

Le bout de bois toujours en extension au bout de sa main rappelait étrangement les couleurs de ses bracelets fait de récupération de diverses chutent de tissus, plumes, et autres matières qui au final se mariaient étrangement bien avec son grain de peau.

T’en pense quoi ? Tu crois qu’Elensis pourrait m’en dire plus ? Quoique même si…

La démone n’eu pas le temps d’achever sa phrase qu’une voix s’éleva en direction des lourdes portes faisant office d’entrée au château. On ne pouvait qu’à peine distinguer l’ombre grisâtre de l’inconnu qui venait de s’exprimer.
Elle sursauta, faisant tomber le bout de bois pour attraper par réflexe ses shurikens. Sans réfléchir plus, elle en lança un dans la direction de l’inconnu. Il alla se planter à ses pieds comme un avertissement.
Les mains serrées, le regard intrigué, elle lui répondit d’une voix prononcée dénotant son étonnement et son inquiétude de le voir posté là, seul, sans aucun membre du Cénacle attestant d’une quelconque invitation.

Qu’est ce que tu fais là ? Qui t’as invité chez nous ?

Tout en marchant, Daireann écoutait Miyän, détaillant le bâton qu'elle lui présenta. Ainsi donc, la jeune démone s'intéressait à l'occulte ? Un bref rictus parcouru son visage devant tant d'enthousiasme.
Jusque là, Miyän avait évolué en profitant des divers enseignements de chacun des membres. A en dénoter l'engouement qu'elle présentait, la démone venait peut être de trouver sa voie.
Seul le temps en serait révélateur...

Alors que les deux jeunes femmes marchaient en direction de la forteresse, la déchue sentie s'approcher une des auras qu'elle avait sentie arriver au Cénacle quelques heures auparavant alors qu'elle était encore sur les tombes.
Aussi ne fut elle pas étonnée de voir Aratochi pointer le bout de son nez devant l'imposante porte, remettant enfin un visage sur cette aura. La déchue fixait désormais sombrement l'humain, tel un rapace ayant repéré une proie. Visiblement moins éméché que lors de leur première rencontre au Forum Mondial, celui ci déposa les armes ainsi que son manteau et se mit en marche en direction des jeunes femmes.

Une bourrasque vint balayer les fines mèches argentées de la déchue, faisant s'entrouvrir le bas de son blouson détaché, laissant entrevoir son agréable plastique.

Crois tu que te démunir de ton arme attirera ma pitié, humain ? dit elle, insistant âprement sur ce dernier mot.
Tu es bien audacieux de venir en le domaine des Gris après ta pitoyable prestation. Finit elle durement.

Mais quelque chose clochait. Aratochi n'aurait pas déposé ses affaires s'il s'en allait, cela n'aurait eu aucun sens...
Soit Van l'avait un peu trop fait boire et il sortait s'aérer la tête. Soit il restait ici pour la nuit.

Une chose était sure, compte tenu de sa performance alcoolique lors de leur première rencontre, il aurait été peu probable que les hôtes le laissent ressortir en si bon état s'il était venu en provocateur.

Ignorant alors la question de l'homme, Daireann avançait imperturbablement en direction de l'entrée, son regard se durcissant au rythme de ses pas, attendant que celui ci daigne répondre à Miyän.

Aratochi regarda le shuriken venir se planter entre ses pieds. Il était rassuré que l'objet ne soit pas remonté de quelques mètres, se balader avec un masque sur la figure lui suffisait amplement. Relevant la tête, il adressa un sourire à Miyän, avant de regarder Daireann avancer comme si elle allait combattre une armée. Cela dit il ne l'avait jamais vu avancer pour combattre une armée, cela devait être un sacré spectacle. Vérifiant qu'il ne se trouvait pas entre l'entrée et la déchue, il se détendit un peu, et put répondre à la démone.

"Je me nomme Aratochi....euh."

Un peu gêné, il passa sa main dans ses cheveux, son nom ne lui avait pas été demandé, ce n'était pas très malin de le donner. Mais il devait reconnaitre qu'il n'était pas très malin en cette soirée, c'était stressant de marcher ainsi au devant de ses erreurs, même si c'était obligatoire. Enfin en cette soirée, ce n'était pas avec sa tête qu'il avait besoin de parler mais avec son cœur.

"J'ai été invité par Van et Elensis à séjourner ici. Et je suis ici pour voir Daireann avant d'être à l'intérieur. Vue la réaction d'Elensis, j'aimerais éviter que le château soit encore plus réduit en ruine qu'il ne l'est déjà."

Il regarda la déchue en question, plongeant son regard dans les beaux yeux meurtriers de cette dernière.

"Je suis venu m'excuser du comportement que j'avais eu la dernière fois. Ce n'était pas digne d'un chevalier ou de n'importe qui faisant de grand discours sur la bonté. Je me suis emporté alors que je n'aurais pas dû, j'ai transformé mon discours en une scène de morale affligeante, et j'ai creusé mon propre trou à la force de mes préjugés.

Je n'ai pas posé mon arme pour espérer ta pitié, je n'ai que faire de cette dernière, c'est ton pardon que je suis venu chercher. Si je ne la porte pas c'est parce que je ne veux pas engager le combat avec toi, je suis venu pour le terminer, et je ne sortirai pas ma lame en cette soirée."

Ne bougeant pas, Aratochi attendit une quelconque réponse de Daireann. Il en avait assez dit pour qu'elle fasse son choix, le chevalier espérait que ce choix lui permettrait de garder la tête sur ses épaules.

Daireann dévisageait froidement l’humain alors que Miyän s’en allait. Puis, elle écouta ses paroles, impassible, continuant à s’avancer vers l’entrée devant laquelle il se trouvait.

Ainsi Elensis et Van l’avaient invité ? Qu’avait t il donc pu leur passer par la tête ?
Inviter un humain au Cénacle ne ressemblait guère aux habitudes des Gris. Aratochi était certes peut être un homme, il n’en était pas bête au point de mentir sur les frères de la déchue, elle l’aurait su rapidement. Là encore, une bonne raison devait motiver leur décision.

Doutant qu’il ait demandé à rester jusqu’à obtenir le pardon de la déchue, elle l’interpella d’un ton inquisiteur :

Qu’est ce que tu fais là ? Qu’attends tu du Cénacle ?


La déchue toisait Aratochi, une étincelle de curiosité parcourant brièvement son regard. Il fallait avoir une sacré dose d’audace pour se présenter ainsi devant la sanguinaire du Cénacle, dans sa propre demeure, qui plus en venant probablement demander quelque chose aux membres autre que leur pardon. Si ce n’était de l’audace, ceci relevait sans nul doute de l’inconscience ; voire un savant mélange des deux.
Quel individu étrange… releva t elle intérieurement.

A l’époque où elle avait rencontré Zheng Ji, elle s’était faite la même réflexion concernant la jeune femme. Elle se rappelait une discussion à la sortie du Forum Mondial pendant laquelle elle lui avait expliqué qu’elle avait beaucoup appris d’Aratochi, le considérant comme son maître à penser.

Quasiment rendue à la hauteur de l’humain, elle se remémora soudain qu’elle n’avait pas senti arriver Zheng Ji avec Aratochi. Hochant la tête, elle l’interpella alors :

Zheng Ji ne t’accompagne plus ?

Aratochi regarda et écouta la démone un peu surpris. Il était venu de loin et les avaient avertit justement pour éviter de leur faire peur.... c'était un sacré échec. Et c'était bien dommage, quitte à devoir retenir Daireann, il aurait préféré que l'autre membre ne tente pas de le découper en petit morceau lui aussi. Cela dit son oreille gauche ne craignait plus grand chose, enfin il n'avait pas vraiment envie d'essayer pour voir. Hochant la tête pour acquiescer aux propos de Miyän, il se contenta de répondre, de prendre en note l'idée d'aller s'excuser plus tard, et peut être sympathiser... enfin s'il remettait les pieds dans le château un jour.

Les mains dans les poches, il se tourna ensuite vers la raison de sa présence sur ce petit chemin à la tombée de la nuit. L'ange n'avait pas l'air vraiment décidé à s'arrêter, et il commençait à envisager l'idée de se déplacer de quelques mètres afin de garantir sa survie. Toutefois il n'était pas venu jusqu'ici pour faire demi-tour, aussi décida t-il de ne pas bouger avant de sentir l'acier s'enfoncer dans son corps.

Écoutant attentivement la déchue, il se demanda ce qu'elle pouvait bien penser en ce moment. Toute le monde la présentait comme dangereuse, et un peu folle. Il n'avait pas vraiment pensé cela en la voyant, elle lui ressemblait trop pour qu'il accepte qu'elle soit folle. Cette réflexion le fit sourire, et le détendit un peu, aussi put il répondre avec une voix peu stressée.

"Du Cénacle, je n'attends plus rien pour le moment. Mise à part une chambre en attendant l'arrivée de la délégation angélique avec qui je dois parler.

Et si il fallait revenir sur les raisons de ma présence ici je crois que certains commenceraient par dire que Dieu a... .euh, ce n'était pas la question."

Secouant la tête, il tenta de se ressaisir, dur, dur de penser lorsqu'un ange vous marchait dessus en vous considérant comme un simple obstacle. Habituellement il aimait bien cette anonymat, mais là, c'était un peu gênant. Passant rapidement sa main dans ses cheveux, il reprit en même temps.

"Je suis ici pour m'excuser rien de plus. C'est à toi de décider la suite, je n'ai rien a dire de plus là dessus. Je suis en dehors des murs du Cénacle, je ne suis en ces lieux, ni un invité, ni un ennemi. Si tu désires me tuer, je ne t'en tiendrais pas rigueur, et ne chercherais pas à me venger. Cela dit si c'est vraiment ce que tu veux, je te prierais d'attendre le départ de la délégation, je ne partirai pas en attendant, mais j'ai fait un long chemin pour voir l'archange.

Quant à Zheng, et bien je suis venu ici pour expier mes fautes, je ne me souvient pas qu'elle ait quoi que ce soit à se reprocher vous concernant. Puis de toute façon, je l'ai envoyé en mission dans le Sud, à la recherche des gemmes, et elle a trouvé le moyen d'en revenir avec un amant démoniaque. Enfin il parait qu'il est rangé, mais ils vont se marier je crois."

Un grand sourire prit naissance sur son visage. Il était franchement ravie de la nouvelle que lui avait apprit la mage récemment, il n'aurait pas pu souhaiter mieux pour celle qui fut son écuyère, sa raison de vivre, et sa plus grande amie.